Au lendemain de la grande manifestation du 3 septembre à Paris, le président de la commission Environnement, membre du bureau de la FNSEA et président de la FRSEA Centre, revient en détails sur les annonces de Manuel Valls.
Les agriculteurs, très mobilisés le 3 septembre à Paris, sont rentrés chez eux avec un sentiment mitigé, parfois déçus des annonces du gouvernement… Quelles explications pouvez-vous leur donner aujourd’hui ?
Eric Thirouin : Tout d’abord, je comprends leur déception. Nous attendions des mesures carrées de la part du gouvernement, or les annonces ont été très détaillées, les rendant parfois difficilement compréhensibles devant une assemblée à bout.
Nous avons pourtant obtenu de réelles avancées. Tout d’abord, des mesures conjoncturelles pour les agriculteurs en situation de crise. Je pense notamment aux éleveurs du Perche. On peut citer quelques exemples, comme l’obtention d’une année blanche, le non-remboursement de la DJA par les jeunes ayant eu un mauvais revenu cette année, ainsi que la division par deux de l’appel de cotisation maladie par la MSA pour les personnes n’ayant pas de revenu. Il a également été annoncé un dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti, qui sera déductible, directement par le fermier, de toutes ses autres taxes (habitation, audiovisuel, impôts, etc.). En dehors de ces mesures d’urgence, nous avions des revendications pour la compétitivité de l’agriculture en général, avec la baisse des cotisations sociales et la baisse des taxes. Ces questions ont été renvoyées, en partie, au débat sur la loi de finances qui vient de débuter. Tout reste donc à venir.
Et qu'en est-il de la demande d'un moratoire sur les normes, tant réclamé par les agriculteurs ?
Le Premier Ministre nous a donné gain de cause sur ce point et il s'agit d'une des plus grandes avancées de ce 3 septembre. Il s'est engagé à ce que plus aucune norme franco-française allant au-delà des obligations européennes ne soit prise. Tout d'abord, pendant six mois, aucune norme ne verrait le jour. Et à partir de février, les mesures prises seraient toutes conditionnées de façon à assurer la cohérence des différentes réglementations et à mesurer le respect de l’équivalence des charges qui pèsent sur nos agriculteurs et leurs concurrents européens. L'engagement pris par Manuel Valls signifie donc que de nombreuses mesures encore en discussion ne seraient pas prises, comme par exemple la réduction des produits phytosanitaires dans le cadre du plan
Écophyto II, le projet nous obligeant à porter des EPI jusqu’à la moisson, ou encore celui de réaliser des études d’impact dans les élevages dès lors qu’une ONG le demanderait… Ce changement radical dans la façon de travailler devrait donc permettre la suppression de toute norme absurde. Nos prochaines actions vont dès lors consister à mettre sous surveillance le gouvernement et l’administration à tous les échelons quant à la mise en place de ces annonces.
Plus de 1700 tracteurs à Paris, 5000 agriculteurs mobilisés, que vous inspire cette mobilisation monstre ?
Ce qui m’a marqué, c’est surtout les 85 % de Français qui ont soutenu les agriculteurs en les saluant sur les ponts, le bord des routes et les balcons… Cela me conforte dans l’idée que le gouvernement n’a pas d’autre choix aujourd’hui que de tenir ses promesses : alléger les charges, faire une réelle pause sur les normes et intervenir à Bruxelles pour peser favorablement sur les marchés. Ce qu’il nous faut, c’est plus de prix et moins de normes.
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