« Les agriculteurs et les chasseurs sont souvent considérés comme les « meilleurs ennemis ». Bien souvent, l'agriculteur est chasseur ou s'il ne l'est pas, il permet la chasse dans ses parcelles : l'un ne va pas sans l'autre. Cela se traduisait localement par un intérêt commun et un travail en bonne intelligence sur certains dossiers, même si la passion de la chasse déclenchait parfois quelques étincelles. 

Seulement voilà, les temps changent. Alors qu'hier les chasseurs et les écologistes s'opposaient vigoureusement concernant la gestion de la faune sauvage, ils font désormais front commun : la fédération nationale des Chasseurs (FNC) veut être plus verte que les Verts ! Cela a commencé en 2013 par une série de propositions pour la Pac : demande d'extension de la période d'interdiction de broyage à quatre-vingt-dix jours pour tous les éléments non productifs et fixes sur l'ensemble de l'exploitation, broyage limité de façon préventive, obligation de mélange d'espèces pour les bandes tampons et augmentation du pourcentage de surface d'équivalence topographique (SIE), etc.

Aujourd'hui, remercions à nouveau la FNC quant à l'interdiction des néonicotinoïdes. Par communiqué de presse, cette dernière se félicite d'ailleurs d'une position claire qui a conduit à ce vote (à deux voix près) ! 

Après la réintroduction de souches de perdrix grises, celle des abeilles butineuses sur feuilles de blé ou orge d'hiver au mois de novembre, ou même sur feuilles de betteraves en mars, ne sera pas chose aisée quel que soit le biotope... 

En Eure-et-Loir, la profession agricole avait cette année, permis le décalage des dates de broyage des jachères pour améliorer la gestion de la faune sauvage telle que l'avait souhaité les chasseurs (avec rappelons-le une période de quarante-cinq jours au lieu de quarante) : c'est ça le partenariat gagnant-gagnant ? Nous saurons nous en souvenir… »

Patrice Joseph, vice président de la FDSEA